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WAYÉCHÉV – LE SECRET DE LA RÉUSSITE

« L’Eternel fut avec Yossef, qui devint un homme prospère et fut admis dans la maison de son maître l’Egyptien » (Genèse 39-2)

Après avoir été vendu comme esclave par ses frères, Yossef atterrit en Egypte où règnent la débauche et la perversion. Là, le jeune homme de dix-sept ans est racheté aux Ismaélites par Potiphar, un officier de Pharaon aux mœurs légères et dont la femme – Zélikha – est tout aussi dépravée que lui. Au sein de cette demeure malsaine, Yossef préserve héroïquement son intégrité face aux tentations harcelantes surgissant de toutes parts.

A ce propos, dans son livre Min’hat Cohen, Rebbi Ra’hamim ‘Haï ‘Hwita Cohen¹ z”l, explique que deux facteurs peuvent entrainer l’homme à fauter : le premier, la réussite, comme dit le verset « Yechouroun s’engraissa et se regimba (contre L’Eternel) » (Deutéronome 32-15). Le second, la fréquentation des mécréants, comme il est dit « Frayer avec les sages, c’est devenir sage ; fréquenter les sots, c’est devenir mauvais » (Proverbes 13-20). Selon cette idée, la Thora, à travers notre verset, vient témoigner de la piété de Yossef. En effet, tous les paramètres étaient réunis pour encourager le jeune Yossef à s’éloigner de Dieu. Tant sa réussite extraordinaire, mentionnée au début du verset (« [Il] devint un homme prospère ») que ses fréquentations peu recommandables, évoquées à la fin de celui-ci (« [Il] fut admis dans la maison de son maître l’égyptien »), auraient pu écarter Yossef de la voie de ses pères. Mais malgré tout, il resta intègre et loyal envers Dieu, ainsi qu’il est dit explicitement « L’Eternel fut avec Yossef ». A aucun moment, Yossef ne faiblit dans son attachement à Dieu, la constance de sa foi et ses convictions affirmées, lui permirent de résister à la tentation.

Dans le même ordre d’idée, Rebbi Chouchan Cohen² z”l, écrit dans son livre Péra’h Chouchan, que le secret de la réussite de Yossef, réside dans l’expression « L’Eternel fut avec Yossef ». Ces quelques mots renferment, certes, le moyen que Yossef utilisa pour éviter de s’égarer, mais ils nous dévoilent également sa recette magique pour s’assurer de la réussite. Yossef, en effet, se représentait constamment la présence Divine à ses côtés, de telle sorte, qu’il associait Dieu à chacun de ses gestes, accomplissant ainsi le précieux conseil du roi David « Je fixe constamment l’Eternel devant moi » (Psaumes 16-8). Cette méthode infaillible, qu’adopta Yossef, fut la source de son succès et le rempart de son intégrité. Ainsi, dans son interprétation, Rebbi Chouchan décompose le verset de la façon suivante : Du fait que « L’Eternel fut avec Yossef », c’est à dire, de par son attachement à Dieu, Yossef « devint un homme prospère » et par la même occasion, il resta incorruptible même lorsqu’il « fut admis dans la maison de son maître l’Egyptien ».

Tant sur le plan spirituel que matériel, le secret de la réussite d’un homme, réside dans la place que Dieu occupe au sein de sa vie.

Aryé Bellity

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¹ Rebbi Ra’hamim ‘Haï ‘Hwita Cohen (1901-1959), grande figure du judaïsme Djerbien, il est sans conteste l’un des rabbins tunisiens les plus influents du XXème siècle. Descendant d’une noble lignée de Cohanim, il fut l’élève de Rebbi Dawid (Didou) Cohen puis de Rebbi Khalfon Moché Cohen. A dix-huit ans, lors d’un voyage à Tunis il obtient son diplôme de Sho’het (abatteur) que lui décernent des grands rabbins de la capitale. En 1920, il devient greffier au tribunal de Djerba, avant de compter, à partir de 1932, parmi les juges rabbiniques du même tribunal. Il occupe en outre le poste de Roch Yéshiva (directeur d’académie talmudique), grâce auquel il forma d’éminents rabbins, tels que Rebbi Khadir Sebban, Rebbi Moussa ‘Haddad, Rebbi Maçliya’h Mazouz et Rebbi Bouguid Sa’adoun. Il est l’auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages.

² Rebbi Chouchan Dawid Yom Tov Cohen (1907-1976), né à Djerba, il est le fils et l’élève du célèbre Rebbi Khalfon Moché Cohen. Il travaille en tant que libraire et vendeur d’objets de culte mais reste néanmoins, très actif pour sa communauté et s’implique particulièrement au sein de l’institution ‘Or Thora’. A partir de 1920, il est le rédacteur d’une revue d’étude rabbinique portant le nom de ‘Oçar HaThora’. Après le décès de son père, il lui succède et occupe le poste de juge rabbinique aux côtés de Rebbi Ra’hamim ‘Haï ‘Hwita Cohen et de Rebbi Chélomo Mazouz. En 1956 il monte en Israël et s’installe dans la localité d’Eitan (fondé un an auparavant) où il occupe le poste d’autorité rabbinique jusqu’à sa mort. Il est l’auteur de nombreux livres.


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