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BÉRÉCHIT – SERPENT FUTÉ

« L’Éternel-Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m’a entraînée, et j’ai mangé. » (Genèse 3-13)

Après avoir mangé le fruit défendu, ‘Hawa, mère de l’humanité, tente de se disculper devant Dieu, en prétextant avoir été incitée par le serpent. Pourtant, cet argument semble surprenant, puisque ce fruit fut formellement interdit par Dieu, ainsi qu’il est dit : « Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir ; mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point » (2-16,17). Quel est donc le sens de la réponse de ‘Hawa et surtout comment comprendre qu’elle se laissa si facilement convaincre de manger un fruit proscrit par Dieu. De plus, selon une des interprétations, le fruit de la connaissance, était le raisin et à ce propos nos maitres nous enseignent (Béréchit Rabba 19-5), que ‘Hawa en pressa une grappe pour la donner à boire à Adam. On peut alors se demander, pourquoi a-t-il fallu qu’elle presse le fruit pour le consommer ?

Afin, de répondre à ces questions, dans son œuvre Imré Chéfér, Rebbi Chélomo Méir Parienti¹ z”l, propose une explication intéressante. Il rapporte tout d’abord, les propos du Talmud (Roch HaChana 12b) selon lesquels, un homme ayant formulé le vœu de ne pas consommer de raisin, aura tout de même le droit d’en boire le vin. Cependant cette loi, n’est valable que dans le cadre d’un vœu, mais concernant un aliment prohibé par la Thora, même le jus extrait de celui-ci restera interdit. Il en est ainsi, par exemple, pour du raisin ‘Orla (interdit biblique de consommer tout fruit ayant poussé sur un arbre au cours des trois premières années suivant sa plantation), le vin obtenu par pression de ce raisin nouveau restera interdit malgré sa transformation. A présent, il semble évident que ‘Hawa, suivant le conseil du serpent, pressa le fruit interdit, pensant ainsi le rendre permis à la consommation. Elle se justifia alors devant Dieu en disant : הַנָּחָשׁ הִשִּׁיאַנִי [de la racine יַשִּׁא], « le serpent m’a entraînée »pouvant être traduit également par « le serpent m’a trompée », tel que « Ne vous laissez pas abuser (יַשִּׁא) par Ezéchias » (Rois 2 18-29). Cette supercherie, consistait donc à attribuer au raisin le statut d’interdit lié à un vœu et d’en permettre la consommation après le pressage. L’erreur de ‘Hawa, selon cette interprétation, serait alors de n’avoir pas relevé la différence fondamentale qui existe entre un aliment interdit par vœu et un aliment interdit par Dieu.

Tel le serpent, le mauvais penchant de l’homme, peut parfois se montrer très malin et se révéler être un « sage » d’une grande érudition. L’homme se doit de se référer uniquement aux lois de notre Thora et ne pas se laisser séduire par des permissions douteuses.

Aryé Bellity

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¹ Rebbi Chélomo Méir Parienti figure parmi lesjuges rabbiniques de la ville de Bizerte (au nord de la Tunisie) au XIXème siècle. Il est l’auteur du Imré Chéfér (Sousse 1924), une œuvre comprenant dix Déroushim (discours prononcés en l’honneur d’un défunt), cinq responsa, ainsi que des réflexions personnelles sur la Thora et sur le Talmud. Dans l’avant-propos du livre, Rebbi Chémouel Taieb HaShéni (le deuxième) écrit : « Malgré la pauvreté et une famille nombreuse, Rebbi Chélomo s’adonna constamment à l’étude de la Thora et l’enseigna à plusieurs élèves ». A Bizerte, il siégea au tribunal rabbinique auprès de Rebbi Chélomo Taieb et de Rebbi Yéhouda Cohen Boulakia mais également aux côtés de Rebbi Avraham Krief. De plus, sa signature apparait en tant que troisième membre du tribunal, dans un témoignage recueilli devant Rebbi Yossef Guedj et Rebbi Avraham Ktorza.


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