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KI TAVO – FAIS CE QUE TU PEUX !

« Et ce sera, quand tu arriveras dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi, tu prendras les prémices de tous les fruits de la terre » (Deutéronome 26-1 & 2)

A l’époque du Beit HaMikdash (Temple de Jérusalem), les agriculteurs y apportaient les prémices de leur récolte, dès la fête de Chavou’ot. Cette offrande, ne concernait que les sept espèces par lesquelles la terre d’Israël fut bénie, ainsi qu’il est dit « une terre de froment et d’orge, de raisin, de figue et de grenade, une terre d’olive huileuse et de miel (de datte) » (Deutéronome 8-8). Le but de ce commandement visait à permettre à l’agriculteur de remercier son créateur et de Lui témoigner toute sa reconnaissance pour la récolte annuelle. Dans les premiers versets de ce passage, la Thora évoque à deux reprises la terre d’Israël, en utilisant la première fois le terme « pays » (הָאָרֶץ), alors qu’elle se sert de celui de « terre » (הָאֲדָמָה) la seconde fois. Afin d’expliquer pourquoi le texte n’a pas choisi une expression similaire pour les deux mentions, Rebbi Ya’akov Fitoussi¹ z”l,propose une tout autre interprétation de ce passage.

Dans son livre Yérékh Ya’akov, il introduit son commentaire par les propos du Rav Yochiyahou Pinto z”l, selon lesquels, dans le monde futur, l’homme jouira des mérites qu’il a acquis en dominant ses mauvaises inclinations. Si cela semble évident, nos sages nous enseignent dans le traité Soucca (52b), que le ‘mauvais-penchant’ de l’homme se renouvèle quotidiennement et qu’il lui est impossible de le vaincre sans l’aide du Tout-Puissant. Selon ce principe, l’homme ne pourrait réclamer un quelconque mérite pour avoir maitrisé ses pulsions, puisque sans l’aide de Dieu, il n’aurait pu y parvenir. Cependant, dans Sa grande bonté, Dieu ne traite pas impérieusement Ses créatures en réclamant d’eux l’impossible et malgré Son aide indispensable, Il accorde à l’homme, l’intégralité de ses mérites.

Rebbi Ya’akov reprend cette idée avec laquelle il revêt gracieusement les mots de nos versets : Quand tu quitteras ce monde, tu arriveras dans le pays – symbolisant ici le monde futur – que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage. Bien que cette part de paradis – semblable à un héritage – ne te soit accordée que par la grâce de Dieu, car c’est Lui qui t’aide à surmonter tes désirs, malgré tout, tu prendras les prémices de tous les fruits de la terre. En d’autres termes, même si Dieu reste le principal auteur de la victoire, tu jouiras tout de même de l’intégralité du mérite pour avoir engagé le combat, car c’est ta démarche qui fut « les prémices » de ton triomphe. Dieu n’exige pas de toi ce qui est irréalisable, mais t’impose simplement d’entamer personnellement la bataille et par ce fait, Il t’attribuera la victoire et le fruit de tes actions.

D’après cette interprétation, il est clair, à présent, que les termes « pays » et « terre » ont été précisément choisis. Le premier fait référence au pays suprême – le monde futur, quant au second, il représente ce monde ci, la terre dans son sens le plus « terre à terre ». Au terme de son commentaire, Rebbi Ya’akov résume cet enseignement en ces mots percutants : « L’homme n’a le devoir de faire que ce qu’il peut et Dieu parachèvera sa démarche en sa faveur ».

Aryé Bellity

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¹ Rebbi Ya’akov Fitoussi est né semble-t-il en 1751 à Tunis. Il étudia principalement auprès de l’illustre Rebbi Yossef Zarka mais également auprès de Rebbi Yts’hak Lombrozo Harishon (« le premier »). A son tour, il forma lui-même plusieurs disciples, dont Rebbi Mordékhaï Guedj, Rebbi Avraham Ra’hamim Ashkénazi et Rebbi Mordékhaï Nadjar. En 1800 il monta à Jérusalem d’où on le chargea de repartir pour récolter des Fonds, visant à soutenir les sages de la Ville Sainte. C’est à Alger qu’il décéda en 1812. Il est l’auteur des livres Bérit Ya’akov, Mizba’h Kapara, Ronou LéYa’akov, Mareé HaOfanim, Yaguel Ya’akov, Yérekh Ya’akov et Kokhav MiYa’akov.


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