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LÉKH-LÉKHA – LA VRAIE VALEUR DE L’ARGENT

« Avram prit Saraï son épouse, Loth fils de son frère, et tous les biens et les gens qu’ils avaient acquis à ‘Harân. » (Genèse 12-5)

Après que L’Eternel se soit révélé à Avraham, Il lui demande de quitter sa ville natale pour monter en terre de Kéna’ân. Avraham, fidèle serviteur de Dieu, s’exécute immédiatement et se dirige vers la Terre Promise, accompagné de sa femme Sara, de son neveu Loth et des « gens qu’ils avaient acquis à ‘Harân ». Ainsi que nous l’enseignent nos sages (Béréchit Rabba 39-14), ces gens étaient les personnes qu’Avraham avait convertis et qui avaient embrassé la foi d’un Dieu unique. Selon cette interprétation, l’ordre des personnes citées dans le verset, semble étonnant. En effet, si la priorité est accordée à Sara puis à Loth, il est surprenant que les disciples d’Avraham apparaissent dans le texte, après les biens matériels qu’il emporta.

Dans son œuvre OuShmo Mordékhaï, Rebbi Mordékhaï Chem’ouni¹ z”l, rapporte au nom de Rav ‘Haïm Arié Leib Fenster z”l, l’explication suivante : Il est enseigné dans le Talmud (Sotta 10b), qu’Avraham avait planté sa tente dans le désert afin d’accorder nourriture et boisson à tout celui qui passerait par là. Les passants, rassasiés par les mets délicieux qui leur étaient offerts, tentaient inévitablement de bénir leur hôte avant de prendre congé de lui. Cependant Avraham leur retorquait : « Pensez-vous avoir mangé de cette nourriture qui m’appartient ? Bénissez plutôt Celui qui vous a nourri, rendez grâce au Maitre du monde, car c’est de Ses dons que vous avez mangé ! ». Les invités, convaincus par ces paroles sincères, louaient le Créateur et Son nom était sanctifié. Ainsi, Avraham utilisait tous ses biens dans le but de répandre la foi en l’existence de Dieu, toute sa fortune était mise à la disposition de cette noble cause. De plus, par sa grande richesse et son statut social élevé, Avraham possédait une forte influence, qu’il utilisait pour convaincre les gens d’abandonner leur culte idolâtre et de reconnaitre l’existence de Dieu. A présent, il est clair que c’est la grande richesse d’Avraham qui lui permit de convertir « les gens qu’ils avaient acquis à ‘Harân », c’est pourquoi, dans le verset, ceux-ci sont cités chronologiquement après ses biens.

Selon cet enseignement, Rebbi Mordékhaï ajoute qu’il est possible de comprendre autrement le verset « Elle [la Thora] est plus précieuse que les perles » (Proverbes 3-15). En effet, l’expression « מִפְּנִינִים » (plus que les perles), peut être également traduite par « en raison des perles », puisque la lettre Mem servant de préfixe en hébreu, peut prendre différentes significations. Dans cette lecture, le verset affirme que grâce à ses perles et à ses richesses, l’homme fortuné rend la Thora précieuse aux yeux des gens : « Elle [la Thora] est précieuse en raison des perles ».

A travers ce message, la Thora nous révèle que la vraie valeur de l’argent, se mesure à la qualité de la cause qu’il soutient. La plus grande richesse du monde, ne serait d’aucun prix si elle défend un intérêt méprisable. Aussi, l’homme sot, perçoit-il le gain d’argent comme une fin en soi, tandis que l’homme sage ne voit en l’argent que le potentiel des bonnes actions que celui-ci rend possible, ainsi qu’il est dit : « Pour les sages la richesse est une couronne » (Proverbes 14-24).

Aryé Bellity

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¹ Rebbi Mordékhaï Chem’ouni (1913-1995), originaire de la ville de Gafsa, est le frère de Rebbi Yossef Chem’ouni (1921-1943). Sa première épouse, Zahira Cohen, est la fille du grand rabbin de Gafsa, Rebbi Ya’akov Cohen. Malheureusement, peu de temps après leur mariage, elle décède à l’âge de 27 ans, sans laisser d’enfants. En 1938, Rebbi Mordékhaï se remarie avec Fortuné Elmalia’h, fille de Rebbi Yéchouw’a Elmalia’h, membre du tribunal rabbinique de Tunis. Orateur éloquent, Rebbi Mordékhaï attire les foules et remplit la synagogue « Fellous » à Tunis, où, tous les samedis soir, il offre à ses fidèles auditeurs, un très long discours. En 1966, il publie le livre Dérékh Yéchara (un commentaire du Talmud écrit par son frère), dans lequel il ajoute ‘OuShmo Mordékhaï’, un commentaire personnel de la Thora. Il monte en Israel au début des années 90 et s’installe dans la ville de Richon LéÇion.


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