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UN JUGEMENT ADOUCI

Roch HaChana

Dans la Thora, le jour de Roch HaChana est appelé Yom Térou’a – « jour de la sonnerie » (Nombres 29-1), en raison du Chofar que nous sonnons à cette occasion. Cette corne, sera de préférence, celle d’un bélier, puisque c’est cet animal qui fut substitué à Yç’hak et qu’Avraham sacrifia en ce jour de Roch HaChana (Zohar Waykra p.18). Ainsi, grâce au souvenir des mérites de nos patriarches, Dieu éveillera Sa miséricorde à l’égard de leurs descendants et les jugera avec davantage d’indulgence. La Miçwa du Chofar, est en réalité le seul commandement singulier de ce jour, c’est pourquoi, selon la Thora, même si Roch HaChana tombe un Chabbat, ce commandement positif restera en vigueur. Cependant, à cause du risque d’enfreindre, pendant Chabbat, l’interdit de porter dans un domaine public, ce commandement fut par la suite annulé par nos sages (Talmud Roch HaChana 29b). En effet, une personne non-expérimentée dans le domaine de la sonnerie, pourrait être amenée à transporter son Chofar dans le domaine public, afin de se rendre chez un maitre qui lui enseignera son art. Dans ce cas, cet élève transgressera véritablement le Chabbat, puisque le port du Chofar ne serait pas justifié par l’accomplissement de la Miçwa, mais plutôt par l’intention de parfaire sa sonnerie.

Dans l’un de ses discours recueillis au début du livre ‘Hessed Wéra’hamim, Rebbi Makhlouf Yana¹ z”l, propose une autre explication à cette décision rabbinique de ne pas sonner du Chofar le Chabbat. Il rapporte les propos de certains maitres, selon lesquels, en respectant comme il se doit le Chabbat, la miséricorde divine que suscite la corne du bélier, s’éveillerait simplement par la grâce du Chabbat. Pour illustrer cela, on raconte qu’autrefois, un roi s’emporta furieusement contre ses sujets et s’apprêta à les corriger sévèrement. Sa fille, la princesse, qui était appréciée dans tout le royaume, s’interposa pour plaider en leur faveur. Face aux honneurs attribués à sa fille, la colère du roi s’apaisa et il fit preuve de clémence en les graciant. Il en est de même pour le respect du Chabbat, car à l’image de la princesse, le Chabbat est considéré comme la fille du Roi des rois. Toute personne respectant ce jour saint comme il se doit, éveillera la miséricorde de Dieu et cela même sans même avoir recours au Chofar.

Rebbi Makhlouf étaye cette idée par le verset suivant : « Observe le jour du Chabbat pour le sanctifier, comme te l’a prescrit l’Éternel, ton Dieu » (Deutéronome 5-11). Ce verset soulève apparemment quelques difficultés, en effet pourquoi préciser à propos du Chabbat « comme te l’a prescrit l’Eternel », alors que tous les commandements de la Thora ont été prescrits par Dieu ? De plus, il est bien connu que l’appellation de Dieu sous le nom de « יְ-ה-וָ-ה » (Dieu) exprime l’attribut de rigueur, alors que celui de « אֱ-לֹ-הִ-י-ם » (l’Eternel) reflète la miséricorde. Comment comprendre alors, l’apparition de ces deux Noms, au sens diamétralement opposé, dans le même verset ? En réalité, explique Rebbi Makhlouf, ce verset vient nous enjoindre d’observer le jour du Chabbat « comme [Dieu] te l’a prescrit », autrement dit, de respecter le Chabbat, dans les moindres détails. Aussi, si cette « princesse » qu’est le Chabbat est convenablement honorée, elle plaidera en notre faveur à Roch HaChana et transformera la rigueur (יְ-ה-וָ-ה) de ce jour, en miséricorde (אֱ-לֹ-הִ-י-ם) sans même que nous ayons à sonner du Chofar.

Puissions-nous mériter la clémence de Dieu en ce Roch HaChana qui tombe cette année en même temps que Chabbat et que l’an 5781 soit source de bénédiction et de joie. Chana Tova OuMétouka – une bonne et douce année !

Aryé Bellity

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¹ Rebbi Makhlouf Yana (1904-1998) est né sur l’île de Djerba. Lorsqu’il obtient son diplôme rabbinique, il s’installe à Ben Gardane où il remplit la fonction d’enseignant, avant de devenir en 1938, juge rabbinique de la ville, aux côtés de Rebbi Nissim Cohen. En 1945, après la deuxième guerre mondiale, il aide les Juifs de Lybie à passer la frontière tunisienne pour ensuite rejoindre Israël. En 1957, il arrive en France d’où il repartira un an plus tard pour Israël. Il deviendra rapidement, le rabbin de la localité de Porat, située dans la région du Sharon. Il laisse derrière lui plusieurs œuvres : Chim’ou Banim, Chaol Chaal, Béssamim Roch, Wéhigadtem LéAvi et ‘Ham Libi. En 2004, son fils, Rebbi Warghani Gad, publie le livre ‘Hessed Wéra’hamim, dont la première partie comprend des discours de son père.

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