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  1. HORAIRES DE CHABBAT ET DE NOS OFFICES : PARACHAT LEKH-LEKHA
  2. LE FLASH PARACHA DE RAV ARYE BELLITY

1. CHABBAT LEKH-LEKHA (horaires de Paris)

  • ENTREE DE CHABBAT : 17h07
  • SORTIE DE CHABBAT : 18h14

2. LE FLASH PARACHA DE RAV ARYE BELLITY

LÉKH-LÉKHA – DU DIFFÉREND À LA QUERELLE

Pour la guérison complète de Chemouel ben Renée Bacca et de Binyamin Maatouq ben Yasmina.

« Il s’éleva un différend entre les bergers des troupeaux d’Avram et les bergers des troupeaux de Loth […]. Avram dit à Loth : Qu’il n’y ait donc point de querelle entre moi et toi, entre mes bergers et les tiens ; car nous sommes frères. » (Genèse 13-7,8)

Loth accompagne son oncle Avraham dans ses pérégrinations et tire un généreux profit des bénédictions qui lui sont gratifiées, en conséquence de quoi il prospère considérablement, comme il est dit : « Loth aussi, qui accompagnait Avram, avait du menu bétail, du gros bétail et des tentes » (ibid. 5). Toutefois, malgré le lien de sang qui unit les deux hommes, le fossé creusé par l’intégrité d’Avraham, le sépare inexorablement de son escroc de neveu, si bien qu’un désaccord apparait entre leurs employés, ainsi qu’en témoigne le verset : « Il s’éleva un différend (רִיב) entre les bergers des troupeaux d’Avram et les bergers des troupeaux de Loth ». Avraham tente alors de calmer la tension et s’adresse à Loth en lui disant :« Qu’il n’y ait donc point de querelle (מְרִיבָה) entre moi et toi, entre mes bergers et les tiens ; car nous sommes frères ».

A propos de ce passage, deux questions peuvent être soulevées : premièrement, pourquoi Avraham emploie-t-il le subjonctif pour dire « qu’il n’y ait donc point de querelle » alors que la querelle dont il parle semble belle et bien présente comme le relate le verset précèdent ?  Deuxièmement, pourquoi Avraham choisit-il précisément le mot « querelle » (מְרִיבָה) plutôt que de reprendre le terme « différend »(רִיב) utilisé préalablement ?

Dans son livre Qol HaTor, rebbi Yéshou’a Zeraḥ[1] z”l, rapporte que la nuance des mots מְרִיבָה et רִיב réside dans le fait que le premier terme est féminin alors que le second est masculin. Défini par la faculté d’enfanter, le féminin implique l’idée de la continuité et métaphoriquement, la « querelle féminine » entretient et amplifie la dispute, engendrant ainsi matière à nourrir le conflit. A l’inverse, le mâle étant incapable d’accoucher, il ne fructifie pas et par analogie « le différend masculin » ne se développe pas et finit par disparaitre. A travers cette idée, il est possible de saisir la subtilité des propos d’Avraham, qui souhaita stopper le différend (רִיב) déjà présent entre lui et Loth, avant que celui-ci ne se transforme en une querelle (מְרִיבָה) génératrice de conflits interminables.

En outre, le genre auquel appartiennent les termes רִיב et מְרִיבָה n’est pas le seul point de différence entre ces deux mots, car malgré leur racine identique, l’un des deux est en plus composé des lettres Mém (מ) et (ה). A travers cette nuance orthographique, rebbi Yéshou’aexplique ce que le Talmud nous enseigne dans le traité Ḥoulin (89a): le monde ne tient que grâce à celui qui ferme (בּוֹלֵם) sa bouche au moment de la dispute, ainsi qu’il est dit « Il suspend la terre sur le fermoir (בְּלִימָה» (Job 26-7). En effet, dans ce verset le mot בְּלִימָה peut se décomposer et signifier : בְּלִי – sans, מָה – Mém , ceci afin de traduire l’idée qu’au moment d’un simple « différend masculin » (רִיב) entre deux personnes, celui qui fait le choix de fermer sa bouche (בּוֹלֵם), permet par son silence d’éviter aux lettres Mém et (בְּלִי-מָה) de créer « la querelle féminine » (מְרִיבָה) et il échappe par conséquent au cercle vicieux des disputes que cette querelle risque d’entrainer.

Rebbi Yéshou’a conclut en révélant le secret de cette force intérieure nécessaire pour se contenir lors d’un différend. Pour cela, il se base sur la réponse qu’employa Moché face à la critique que le peuple lui adressa, il leur dit : « mais nous, que sommes-nous (וְנַחְנוּ מָה) pour être l’objet de vos murmures ? » (Exode 16-7). Animé d’humilité et d’abnégation, Moché nous enseigne par sa réaction, qu’il est préférable d’emprunter les lettres מָה pour se rabaisser et ainsi calmer la tension, plutôt que de les employer à envenimer la situation et transformer le simple différend (רִיב) en une véritable querelle (מְרִיבָה) dévastatrice.

S’il est normal de connaitre parfois des désaccords avec un ami, un proche ou même (et surtout) avec son conjoint, il est de notre devoir de tout faire pour éviter que ce différend ne devienne une querelle, quitte à mettre sa fierté de côté, tant le mal généré par un conflit peut être ravageur.

Rav Aryé Bellity


[1] Rebbi Yéshou’a Zeraḥ est un rabbin cabaliste du XIXe siècle, qui vécut très probablement à Tunis. En ces termes, il est cité à plusieurs reprises dans le livre Pi HaMdabère de rebbi Yossef Guedj : « cela je l’ai entendu de mon très cher ami, le sage accompli, rebbi Yéshou’a Zeraḥ ». Son œuvre, Qol HaTor (‘la voix de la tourterelle’), est un commentaire biblique basé principalement sur une interprétation allusive du texte ainsi que sur la valeur numérique des lettres (Guématria). D’ailleurs, c’est sur le modèle de la Guématria que le titre du livre fut choisi, car ‘(Ha)Tor’ en hébreu, équivaut à la valeur numérique (606) de ‘Yéshou’a Zeraḥ’. En outre, l’auteur rapporte quelquefois des explications cabalistiques, fondées sur les enseignements du saint ARI z”l (rebbi Yiṣḥaq Louria), témoignant ainsi de ses connaissances dans ce domaine. Le livre Qol HaTor est édité pour la première fois en 1974, à Jérusalem, grâce à la participation de rebbi Chemouel ‘Idân et de rebbi Sghiyer Ashoush.


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