BO – ÉLEVER LA VOIX
Chers amis,
la Communauté juive de Neuilly a été endeuillée le 18 janvier par la disparition du Rav David ZAOUI zal qui, au-delà de la simple sphère de sa communauté du Beth Habad de Neuilly rue Paul Chatrousse, s’est tellement investi pour l’ensemble de la communauté juive de Neuilly depuis plus de 20 ans.
Il nous avait encouragé lors de la création du CFJT, ne craignant pas l’émergence d’une nouvelle communauté, et était attentif aux enseignements des rabbanim de Tunisie qu’il découvrait en lisant le flash paracha que nous lui adressions chaque semaine.
Il nous avait aidé lors du lancement de nos offices. Nous avons tous des souvenirs personnels avec lui.
Ce flash paracha est dédié à l’élévation de son âme.
Nous y associons la mémoire de Rebbi Yonatan MAZOUZ zal, né à Djerba en 1929 et décédé le 18 janvier à Tsfat.
Enseignant, hazan, Il a notamment écrit 5 livres de la Torah et un livre de proverbes en judéo-arabe djerbien.
Les enseignements du flash paracha seront également dédiés à l’élévation de l’âme de Rebbi Dan Mordekhaï COHEN zal né dans la ville de Bengardane dans le Sud de la Tunisie, où il a étudié auprès de Rebbi Makhlouf Yana zal et de Rebbi Nissim Cohen zal.
Il fut très proche de Rebbi Mordekhaï HaMeiss Cohen zal, qui fut Grand Rabbin de Tunisie de 1957 à 1974.
Il y a quelques jours à peine, le livre Zikhron Devarim écrit à partir des notes de ce vénérable rabbin qui était l’un des plus anciens rabbins formés en Tunisie, est sorti de l’imprimerie. Le livre contient des dizaines d’histoires et de faits rares entendus pour la première fois dans l’histoire sur les sages et les grands rabbins de Tunisie et des descriptions authentiques des mémoires de l’auteur, sur la vie à Djerba.
Rebbi Dan Mordekhaï COHEN zal est décédé à plus de 90 ans ce 19 janvier.
Que leurs souvenirs soient Bénédictions
« […] afin que la Thora de Dieu reste dans ta bouche, que d’un bras puissant, l’Éternel t’a fait sortir d’Égypte» (Exode13-9)
Dans son œuvre Ma’assé Yadaï, Rebbi Réouven Maurice ‘Allouche¹ z”l, retrouve dans ce verset, une allusion à ce que nous enseigne le Talmud. Dans le traité ’Érouvin (54a), nos sages rapportent une anecdote avec Bérouria, la femme de Rebbi Meir, qui un jour, croisa le chemin d’un jeune érudit, concentré dans son étude silencieuse. Elle l’interpella et lui fit la remarque suivante : N’est-il pas écrit « bien ordonnée par tous et bien gardée » (Samuel II 23-5) et nos maitres de commenter, « si ta Thora est bien ordonnée par tous les 248 membres [incluant donc la bouche], alors elle te sera bien gardée » ? Bérouria reprocha ainsi à ce jeune homme de méditer silencieusement sa Thora, justifiant ses propos par l’enseignement de nos maitres, qui nous préviennent qu’une étude non soutenue par la parole s’oublie plus rapidement. L’élève accepta la remontrance et corrigea sa méthode d’apprentissage en exprimant de sa bouche chacun des mots de son étude.
Ce message et ce précieux conseil, Rebbi Réouven le retrouve dans notre verset en le décomposant de la manière suivante : « afin que la Thora de Dieu reste » – pour que la Thora demeure et soit ancrée en toi, il faut qu’elle soit présente – « dans ta bouche » à savoir, à haute et intelligible voix.
A une question qui lui fut adressée à ce sujet, (Mékor Néémân II chap. 643), Rebbi Méir Mazouz² chlita répond qu’il n’est pas obligatoire d’étudier systématiquement à voix haute. Se basant sur les propos du Gaon de Vilna, dans ses annotations sur le Shoulḥân ‘Aroukh (Oraḥ Ḥaïm chap. 47), il écrit que la réflexion ou l’approfondissement d’un passage, peut se faire mentalement sans forcément le verbaliser. Toutefois, au terme de l’étude, il est judicieux de faire un résumé oral de ce que l’on a appris car cela permet de s’en souvenir plus longtemps. Rebbi Méir conclut sa réponse en citant les propos du Talmud (ibid.) selon lesquels, les paroles de la Thora récitées à voix haute favorisent la longévité de la vie.
Aryé Bellity
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¹ Rebbi Réouven Maurice ‘Allouche (1932/1985) né à Tatouine (au sud-est de la Tunisie), est connu pour son humilité et ses discours éloquents. Elève de Rebbi Mékikés Ḥaddad et de Rebbi Mordékhaï Saghroun, il occupe rapidement le poste d’abatteur rituel, d’enseignant pour enfants et d’orateur, dans sa ville natale, puis à Zarzis. En 1967 il monte en Israël et s’installe à Béér Shéva, avant de déménager pour le village de Zimrat dont il en deviendra, un peu plus tard, l’autorité religieuse. Ses œuvres sont : Ma’assé Yadaï, WaYaguidou LéMoché, Yéḥi Réouven, Cha’aré Raḥamim.
² Rebbi Méir Mazouz, fils du juge rabbinique Rebbi Maçliyaḥ Mazouz, est né à Tunis en 1945. A la Yéshiva « Ḥévrat HaTalmoud », il suit les cours de Rebbi Yiçḥak Bouḥnik mais se forme principalement grâce à son père. Après l’assassinat de ce dernier en 1971, il monte en Israël accompagné de ses frères, et ensemble ils fondent la Yéshiva « Kissé Raḥamim » à Bené Vérak. Véritable génie en Thora et outre ses vastes connaissances dans le domaine de la loi juive, de la bible ou du Talmud, il écrit également sur différents sujets, comme la grammaire, l’astronomie, les mathématiques l’histoire ainsi que la poésie liturgique.